ATP, autorisation du coaching : du spectacle à tout prix ?

Si un personnage a reconnu son visage dans les médias cette semaine, c’est bien Apostolos Tsitispas. Le père du talentueux Stefanos a en effet vu de multiples photos de lui, assis dans les tribunes, téléphonant (avec qui ?) ou bien parlant (le plus discrètement possible) à son champion de fils, ou à quelqu’un d’autre… Pourquoi ce déchainement sur le papa grec en particulier ? Et bien, il s’agit en fait du cas supposé de coaching, pratiqué en plein match le plus connu, alors que cela est rigoureusement interdit. Mais au-delà de cette remarque, le fait d’autoriser le coaching pendant les matchs est-il une bonne idée ? Quelles en sont les vertus (si elles existent) ? Quel est le but de l’ATP ?

Depuis la présentation de One Vision, l’ATP avait bien fait comprendre, à coup de bandes annonces dignes des plus grands blockbusters, que l’accent serait désormais mis sur le spectacle. Cependant, les annonces de M. Gaudenzi ne précisaient pas explicitement que la révolution annoncée irait aussi loin. C’est ainsi que le monde du tennis vient d’apprendre qu’à partir du 11 juillet prochain, l’expérimentation d’autoriser le coaching pendant les matchs allait être mise en place.

De ce fait, la question doit être posée : le tennis va-t-il être dénaturé par cette pratique ? On peut tout de même imaginer que oui. Le tennis, sport individuel s’il en est, met les joueurs en permanence face à eux-mêmes. C’est peut-être d’ailleurs tout ce qui en fait sa beauté et son exigence. Dans ce cadre, seuls les plus grands champions arrivent à revenir des situations les plus extrêmes, en ne se servant que de leurs propres ressources mentales, en se reconcentrant, en faisant fi de la situation, si catastrophique soit-elle. C’est ainsi que Rafael Nadal renversa la table lors de la finale de l’Open d’Australie en début d’année. Le cas le plus emblématique, concernant cette force mentale, est sans conteste celui de Novak Djokovic, qui en est même à se nourrir de ce type de situation pour les renverser quasi-systématiquement, le terme de champion prenant alors tout son sens.

L’optique de voir nos champions aller chercher la victoire ailleurs qu’au fond de leur âme a de quoi déstabiliser les adeptes de ce magnifique sport. Mais l’ATP ne regarde pas systématiquement le tennis par le prisme de ce qui a fait sa grandeur, elle s’adapte aux attentes des plus jeunes et mise de plus en plus sur le spectacle. C’est donc logiquement que cette expérimentation, qui risque fort d’être adoptée définitivement, est mise en place après Wimbledon.

Vous ne rêvez pas ! Quand ils seront en difficulté, certains demanderont à leur coach ce qui cloche dans leur jeu, ce qu’ils n’avaient pas remarqué dans celui de leurs adversaires ou bien encore, ils iront chercher un réconfort si précieux dans les moments de déroute…

Oui, nous continuerons à regarder le tennis, à encourager nos joueurs, à vibrer avec eux. Cependant, à trop dénaturer ce magnifique sport, il se pourrait que le retour de bâton des puristes soit violent. Il ne faut jamais oublier ce qui fait l’attrait du sport : le dépassement de soi. Nos champions sont uniques, ils doivent cela à leur talent sportif mais surtout, à ce qu’ils sont en tant que personne. Tout faire pour que le spectacle devienne de plus en plus grandiose n’est-il pas une manière de renier l’essence même du tennis ?

Partager cet article
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur email

Laisser un commentaire