Benjamin Bonzi : « Jouer des joueurs top 50 dès le premier tour, c’est une autre régularité à trouver »

Retrouvez l’intégralité de l’entretien que nous a accordé Benjamin Bonzi juste avant son départ pour la tournée américaine. Entretien sincère dans une ambiance très agréable, avec un joueur d’un extrême sympathie, qui s’est prêté avec enthousiasme aux questions de la rédaction de fortylove.fr.

Salut Benjamin, comment vas-tu ? On a vu sur ton dernier post Instagram que tu prenais un peu de repos…

Je vais bien, j’ai pris des vacances après Newport, j’ai coupé un peu. J’ai pris le temps de poser un petit peu la raquette et de recharger les batteries. Je viens de reprendre l’entraînement tout va bien, pas d’ombre à l’horizon.

Par rapport à ton retrait de Stuttgart, où tu avais eu des douleurs abdominales, comment te sens-tu désormais ?

Je me sens bien, en fait j’ai fait des calculs rénaux pendant le tournoi, j’ai fait 3 crises en 24h. À la 3ème, qui était le matin du quart de finale, je suis parti aux urgences. Les douleurs que j’avais ne permettaient pas d’identifier exactement ce que c’était.

Le 27 juin, tu as dépassé la barrière symbolique du top 50, était-ce un objectif ou tu y vas performance après performance et tu te dis que finalement, ce qui compte, ce sont les résultats ? 

Oui plutôt comme ça, on a toujours fonctionné comme ça avec Lionel (son entraîneur) et les coachs qui sont dans le groupe. On ne s’est jamais fixé une idée de classement en se disant : «  il faut qu’on atteigne tel ou tel classement ». On a toujours réfléchi dans le sens tennistique en se disant qu’on avait des axes de travail assez importants à faire, que ça prendrait sûrement un peu de temps. Au final, on y est allé tournois après tournois, en essayant de continuer à progresser. Les résultats ont suivi, le classement a suivi, mais je ne suis pas là à me dire : «  tel cap est très important ». Mais je suis très content de l’avoir passé !

Tu as eu d’excellents résultats sur gazon, on peut citer notamment un 1/4 à Stuttgart malgré ton forfait, une  1/2 à Majorque, puis un autre 1/4 à Newport, cette fois-ci en perdant sur Isner.  Comment expliques-tu ces performances ? Senst-tu que ton jeu est plus adapté au gazon ? 

Mon ressenti est que j’aime beaucoup le gazon ! Je trouve que c’est une surface sur laquelle j’arrive à m’amuser et sur laquelle je suis content de jouer, ce qui n’est pas le cas de beaucoup de joueurs je pense. C’est une surface qui colle à mon jeu, on retrouve un peu les « filières courtes » du jeu sur dur, le service y est assez important. Je prends du plaisir sur cette surface. J’y ai eu des bons résultats, des belles victoires, c’était cool !

Passer quasiment d’un coup du Challenger au circuit principal avec de tels résultats, penses-tu que le gazon t’as aidé ou bien est-ce parce que, tout simplement, tu étais prêt ?

C’est une continuité sur l’année, une logique depuis que je suis rentré dans le top 100. Ma fin de saison a été compliquée, j’ai beaucoup enchaîné, je suis arrivé avec beaucoup de victoires en challenger. Cette série de victoires début septembre m’a coûté beaucoup d’énergie. J’étais 60 ou 65ème, c’était le moment de passer sur le circuit principal. Mais c’est un autre monde que je ne connaissais que très peu, qui n’a rien à voir avec le challenger car il faut être prêt dès le premier match. C’est dur de dire ça, car le circuit Challenger, qui est un circuit compliqué où c’est dur de gagner des matchs et encore plus dur de gagner la Coupe à la fin de la semaine.

Le circuit de challenger est de plus en plus relevé et de plus en plus homogène. Mais quand tu joues des joueurs top 50, dès le premier tour sur le circuit principal, c’est une autre régularité à trouver, c’est une intensité au-dessus. Donc j’ai eu du mal en fin de saison car j’étais fatigué et je devais m’habituer à toutes ces nouveautés. On s’était dit que quoi qu’il arrivait, on allait continuer à alterner les 2. Puis, petit à petit j’ai eu des bons résultats en début de saison avec une 1/2 à Marseille, puis à Indian Wells où j’ai bien joué. Il y avait plein de signaux encourageants.

Sur ta fiche Wikipédia, on peut voir que tu as amassé plus de 1 200 000 € de gains en tournoi. Quel est ton rapport par rapport à ce montant ? Est-ce que cela a changé ta vie sur certains aspects ? 

Je suis très détaché de ça. Franchement je ne me je ne me prends pas du tout la tête avec ça. Après on ne va pas se mentir, bien sûr que c’est un confort, que ce soit dans la vie de tous les jours ou dans la vie tennistique. Tu peux te permettre de prendre quelqu’un avec toi, de prendre des voyages un peu plus simples parce que tu vas les payer un peu plus cher, de faire plus de cadeaux à tes proches. Mais je suis très détaché avec ça et je suis très mauvais dans cette partie gestion. Je ne m’y intéresse vraiment pas du tout.

C’est toujours un rapport compliqué avec les gens qui me disent : « vous gagnez énormément d’argent dans votre sport », ce qui est vrai, on a de la chance. Mais on a aussi énormément de dépenses, énormément de frais à engager. L’argent apporte beaucoup de confort dans la qualité de ce qu’on veut produire, dans la qualité de l’encadrement qu’on peut avoir, mais c’est aussi un piège si tu te retrouves à être trop focalisé là-dessus

Récemment on t’a vu dans un reportage de l’Équipe par rapport aux nombreux parieurs qui t’insultent suite à des défaites. C’est quelque chose qui te touche personnellement où tu n’y prête pas attention ? 

Dans l’ensemble je n’y prête pas attention, on est habitué à ça. Bien évidemment ces personnes-là n’ont aucune importance dans l’avis qu’ils peuvent avoir. Après forcément, si tu sors d’un match où ça s’est mal passé, où tu es un peu frustré, et bien si tu tombes dessus, il arrive qu’à chaud, sur le coup, ça t’énerve un peu. Mais concrètement moi ça ne m’atteint pas vraiment.

Maintenant que tu fais partie du top 50, comment marche les à-côtés ? As-tu été sollicité pour de nouveaux partenariats ? As-tu un agent ? Qui s’occupe de tes réseaux ?

Rien n’a changé ! Absolument rien, j’ai toujours le même agent. Et je ne vois pas pourquoi quelque chose changerait pour l’instant.

Questions 40-0 – Benjamin, on te met en situation …

Tu es mené 40-0 par John Isner, sur gazon, sur son service, que te dis-tu ?

J’ai soif ! (éclats de rires)

Tu mènes 2 sets 0 et 5/1 40-0 face à Rafa à Roland, que te dis-tu ?

Déjà c’est surprenant ! (rires). Mais je me dis : «  allez », plus qu’un point et on sera pas mal  !

Tu remets ton titre en jeu à Wimbledon, à 40-0, 3 balles de 2ème titre, que te dis-tu?

Service voll’ ! 40-0, 2ème titre, je suis bien dans ma tête j’y vais !

Benjamin, que t’évoquent les mots suivants : ?

Challenger

Ce qui me vient en premier est la série que j’ai faite l’année dernière entre Saint-Tropez, Cassis et Rennes, qui était incroyable à vivre et très fatigante aussi ! Mais c’est vrai que cet enchainement a été un petit peu fou. J’étais très content d’avoir gagné Saint-Tropez. Je suis arrivé à Cassis en me disant : « on va faire ce qu’on peut ». Je me suis retrouvé à gagner aussi et à avoir ce même raisonnement en arrivant à Rennes en passant en indoor. J’y suis arrivé un petit peu « cramé » mais tout s’est bien passé, plus le tournoi avançait mieux je me sentais.

Jo-Wilfried Tsonga

Je vais dire Kinder Bueno pour la blague ! (rires) Joe ça me fait penser à la finale de l’Open d’Australie où il avait quand même « découpé » Rafa sur un Grand Chelem, ce qui est assez rare, c’est un des plus beaux palmarès français, une superbe carrière et un mec super gentil que j’ai appris à connaître sur le circuit depuis 1 an et ½, 2 ans.

Coupe Davis

C’est un rêve de gosse la Coupe Davis ! Malheureusement la formule a changé. J’ai grandi en regardant toutes les rencontres de la France, que ce soit à Lyon ou à Lille. J’ai des souvenirs de match de La Monf’ contre Nalbandian ou Ferrer,  c’était incroyable ! Je pense que ce sont des images qui ont donné l’envie à beaucoup de jeunes Français de commencer le tennis. C’était des ambiances exceptionnelles. Je trouve que la saveur d’un domicile/extérieur est impossible à retrouver dans ce qu’il y a maintenant malheureusement. Quand j’ai été appelé en mars, c’était fou ! On a retrouvé un peu l’ambiance auparavant en jouant en France, en plus c’était une rencontre d’après COVID. Je n’aurais jamais imaginé être appelé un jour et avoir ma veste « Équipe de France » sur le dos.

Benjamin, cite-nous :

3 joueurs qui t’ont fait rêver

Gaël, Roger et Hewitt. J’étais fan de Hewitt quand j’étais petit, mettre des passings en bout de course c’est tout ce qui me faisait kiffer à l’époque !

2 choses que tu changerais dans ton jeu

À l’instant T, mon doigt qui est cassé ! Ça me serait beaucoup plus facile de faire un revers. Sinon, si on me change mon coup droit et qu’on me donne celui de Roger, ça me va !

1 tournoi que tu rêves de gagner

En tant que français, c’est Roland Garros qui nous fait rêver. Après j’ai quand même un énorme attrait pour Wimbledon, le site est incroyable ! Mais je vais quand même rester sur Roland Garros parce qu’on est français et que le public français attend ça depuis longtemps

Dernière question, question tirée du jeu Quizz Tennis : 

En 1989, sais-tu ce que McEnroe avait promis si Chang gagnait Wimbledon ?

1 – Arrêter sa carrière

2- De lui doubler personnellement son prize money

3- de baisser son short sur le Central de Wim

Attention parce que j’ai gagné le quiz Roland Garros cette année !  Hé connaissant McEnroe c’est la réponse 3 !

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