Jean-Baptiste Perlant : « face à Corretja, je me dis en rentrant sur le court que je n’ai aucune chance de gagner, qu’il est injouable »

Photo : facebook officiel de la FFT

Aujourd’hui Directeur à la fois du BNP PARIBAS PRIMROSE de Bordeaux et du prestigieux club de tennis bordelais la VILLA PRIMROSE, Jean-Baptiste Perlant revient pour nous sur cette double casquette et sa carrière de joueur où il a atteint le 136ème rang mondial.

Bonjour Jean-Baptiste, tu es Directeur du prestigieux club de tennis bordelais « VILLA PRIMROSE » et patron du BNP PARIBAS PRIMROSE à Bordeaux, tournoi qui se joue dans la catégorie challenger et dont la prochaine édition se déroulera en Mai 2022. Peux-tu nous dire si tu as déjà été en contact avec de potentiels participants au tournoi ?

« Non. Déjà le tournoi se travaille pendant les 9 ou 10 mois précédents. Évidemment, pour nous c’est un budget important, il y a des enjeux, les partenaires nous permettent de financer le tournoi donc il y a du lien à faire avec les entreprises et des offres commerciales à construire. Pour monter le tournoi, c’est un travail de longue haleine sur toute cette partie commercialisation, montage du site et installation. Au niveau sportif, j’essaie de garder les liens avec les joueurs de haut niveau que je croise, par exemple lors des matchs par équipes avec l’équipe première de la Villa Primrose dont je m’occupe aussi. Cette dernière est championne de France en titre et sur les rencontres je peux croiser des joueurs de haut niveau qui viennent ensuite sur le tournoi, cela me permet donc de faire le lien. Nous sommes positionnés sur la semaine du Masters 1000 de Rome, c’est à dire que l’on sait que les 45 premiers mondiaux rentrent dans le tableau final de ce tournoi et que ce sont donc des joueurs qui ne sont pas accessibles pour nous.  Cependant, le classement évoluant chaque semaine, un joueur qui est par exemple 20ème mondial au mois de septembre 2021 peut très bien se retrouver 70ème au mois de mai prochain et être potentiellement pour nous une cible de joueur intéressant, susceptible de créer un engouement pour notre tournoi, au même titre qu’un joueur qui est 80ème mondial. Je prends le cas de Jérémy Chardy, ou de Benjamin Bonzi qui est en train d’exploser, ou Arthur Rinderknech, des joueurs qui sont aujourd’hui 70ème peuvent très bien être top 40 d’ici 6 mois et, du coup, sortir des potentiels grands joueurs que l’on peut attirer. L’horizon est beaucoup trop loin pour se projeter sur de potentiels joueurs que nous pourrions envisager. Un Richard Gasquet par exemple, qui a perdu des points et qui est 81ème mondial, je rêverais de l’avoir sur le tournoi. L’inscription pour le Masters 1000 de Rome se fait 6 semaines avant et notre tableau final à nous se clôture 3 semaines avant. C’est dans les 2-3 mois précédents que je commence à discuter avec les joueurs et que je tente de les inciter à venir jouer chez nous ».

Anciennement nommé Grand Prix Passing Shot lors de sa création en 1979, ce tournoi avait vu la victoire de Yannick Noah. Le tournoi s’est arrêté en 1995 et a été réactivé en 2008 sous un autre nom. C’est à ce moment-là que tu es appelé pour en être le directeur. Comment as-tu vécu ce nouveau challenge ?  Cela a-t-il sonné comme une évidence ?

« Alors pas de suite. J’ai été impliqué pour être dans l’organisation dès le début parce que j’avais des missions avec la Villa Primrose, j’avais été joueur de l’équipe première puis capitaine joueur à cette époque, et nous avions créé « le centre d’entrainement » dont j’étais responsable. J’ai donc été plutôt sur une mission de directeur sportif adjoint. En 2008, Xavier Lemoine était directeur du club et directeur du tournoi. A la grande différence du tournoi précédent, Passing Shot, qui était géré par une organisation privée, où le club mettait à disposition ses installations pour permettre à une entreprise privée, en l’occurrence sous la direction de Jean Pierre Derose, qui venait organiser son évènement ici, aujourd’hui c’est le club qui porte l’événement, l’organise et en assume les risques financiers. Le schéma n’est plus du tout le même.

Jean Baptiste Perlant lors du Challenger en 2019. Crédit photo : Quentin Salinier

Au début, j’étais adjoint de Xavier Lemoine puis, par la suite, j’ai eu un titre de directeur sportif et aujourd’hui je suis directeur du tournoi. Je supervise l’ensemble du projet. On a la chance de pouvoir s’appuyer sur l’agence Côte Ouest qui, auparavant, s’occupait seulement de la production du tournoi, c’est à dire du montage du site, de l’installation et de la sécurité. Elle nous apporte désormais son savoir-faire et son soutien en termes de communication et de commercialisation notamment, avec un fonctionnement collaboratif pour, ensemble, échanger sur tous ces sujets ». 

En parallèle, tu étais capitaine de l’équipe 1ere de la Villa Primrose, qui a remporté quatre titres de champion de France (2012, 2016, 2018, 2020), quels souvenirs en gardes-tu ?

« J’en garde un souvenir assez ému et formidable parce qu’on a obtenu le premier titre de champion de France en décembre 2011 pour la saison sportive 2012. C’était le premier titre de l’histoire du club, malgré tous les grands joueurs qui ont joué pour la Villa Primrose, on n’a jamais eu de titre de champion de France donc c’était historique ! J’étais capitaine de l’équipe, on en a reparlé récemment puisque nous avons célébré les 20 ans de présidence (2000-2020) de Bernard Dupouy, qui a quitté ses fonctions de président en octobre dernier. On a retracé et revécu quelques grandes heures, quelques belles émotions de son mandat, et on a forcément évoqué ces 4 titres et le premier avec une équipe vraiment hallucinante. Une dream team je dirais, avec Michael Llodra, Jérémy Chardy, Steve Darcis et Benoit Paire qui étaient aligné en simples. On gagne 4/0 en ½ finale puis de nouveau 4/0 en finale contre le TC Paris qui avait aussi une dream team avec Julien Benneteau, Gilles Simon, Nicolas Mahut et Marc Gicquel. Les matchs par équipes sont un moment particulier dans la vie du club, les joueurs se retrouvent, prennent du plaisir, un moment de partage, d’échange où l’on vit de grandes émotions extraordinaires, des moments parfois très difficiles, des situations très dures à encaisser et parfois très frustrantes mais c’est ce qui fait le charme du sport évidemment ! On a vécu une décennie d’interclubs avec l’ambition d’être champion de France et en essayant de s’en donner les moyens. J’espère que nous aurons l’occasion de défendre notre trophée cette année mais les interclubs sont compliqués, c’est toujours très aléatoire. La coupe Davis est positionnée à la même période et il suffit que l’on ait des joueurs sélectionnés dans l’équipe de France ou dans d’autres pays pour que cela nous fragilise dans notre force d’équipe.  On a ensuite des joueurs qui peuvent être blessés à cette période-là ou avoir besoin justement de jouer des tournois sur le circuit ATP pour grappiller les derniers points qui vont peut-être leur permettre, en début d’année, d’être sur le tableau final de l’Australian Open ou les qualifs, donc il y a toujours ces enjeux que l’on ne maitrise pas ».

L’équipe première championne de France en 2017. Crédit photo : photo Ronan

Par la suite, tu as dirigé 12 éditions du BNP PARIBAS PRIMROSE Bordeaux, cette année sera la 13ème, et chaque édition doit être meilleure que la précédente. La pression est chaque année au rendez-vous, comment gères-tu cette semaine compliquée ?

« On a toujours envie de faire bien, de faire mieux. Il faut essayer de voir quels sont les axes d’améliorations, les points sur lesquels on peut encore satisfaire davantage les joueurs, davantage le public, les partenaires, les visiteurs… On doit toujours se remettre en question, tout en sachant que l’on a clairement fait une édition 2019 qui a été époustouflante et où on a tendance à dire que toutes les planètes étaient alignées. On est aussi tributaire de paramètres que l’on ne maitrise pas, à savoir les performances des joueurs, les conditions météorologiques, qui vont influer sur l’envie du public de venir ou pas, les conditions de jeu, les soirées… Il y a aussi le facteur chance, parce que quand on reprend la dernière édition, on a eu un engouement exceptionnel à 15 jours et à 1 semaine du tournoi lorsqu’ont été annoncées deux têtes d’affiches, Jo Tsonga et Lucas Pouille.  Cela a créé une ferveur extraordinaire et quand on voit que Lucas Pouille va au bout mais qu’il sauve deux balles de match au premier tour… à un point près Lucas était dehors, et Jo qui perd en quarts de finale…  On aurait pu avoir une fin de tournoi un peu dégradée au niveau des têtes d’affiches et, forcément, la satisfaction générale n’aurait pas été la même que ce que l’on a vécu. On essaie aussi d’améliorer les conditions d’accueil et de confort du public et des partenaires, l’offre de restauration, les conditions de jeu et d’accueil pour les joueurs, afin qu’ils soient dans les meilleures dispositions possibles pour qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes sur le terrain. On fait tout cela en toute humilité parce que nous savons à quel point cet exercice est difficile ». 

Quels sont tes objectifs pour l’avenir du Challenger ? Une envie de le faire monter dans la catégorie supérieure, à savoir les 250 ?

« Aujourd’hui, nous sommes montés dans la catégorie la plus haute pour un tournoi challenger, on est un ATP 125. Sincèrement, je pense que nous avons une très bonne date dans le calendrier de l’ATP, une bonne semaine, et que nous avons fait des éditions extraordinaires. Quand je vois que dans certains ATP 250, les derniers carrés qu’ils ont ou la finale qu’ils ont, je considère que nous n’avons rien à leur envier. De plus, les enjeux et les risques sont très importants, et le budget est multiplié par 3. Le cahier des charges d’un ATP 250 est tellement lourd que je ne suis même pas certain que le site soit en capacité d’accueillir plus de monde, en sachant que nous sommes avant tout un club avec des membres, dont certains ne voient pas d’un bon œil le tournoi parce qu’ils se sentent privés de certains espaces, de terrains, et de leur club pendant 8 jours. Une grande majorité de nos membres se réjouissent d’accueillir un tel événement, pour d’autres ce n’est pas forcément le cas. Les installations peuvent aussi être dégradées en fonction des éditions, la pluie, les structures… C’est un beau challenge déjà de relancer le tournoi parce qu’après deux éditions annulées à cause du covid, on n’a pas de certitudes, on ne part pas de zéro mais presque. Il  faut donc renouer le lien avec nos partenaires, redonner envie au public et aux joueurs de revenir sur le tournoi. Essayons de refaire une très belle édition, de pérenniser le tournoi et, par la suite, on pourra se reposer la question : est-ce envisageable, est-ce raisonnable de se lancer dans une autre aventure, sachant déjà qu’aujourd’hui nous sommes sur un budget de 1 000 000 d’euros. Il faudrait envisager un budget de 2 500 000 d’euros pour passer sur la catégorie supérieure ». 

Parlons de ta carrière de joueur professionnel si tu le veux bien. Tu es passé pro en 1996, mais ta carrière décolle vraiment en 1998 lorsque tu obtiens une wild card pour Roland Garros. Tu joues Jose Imaz Ruiz, un espagnol que tu avais joué 2 semaines plus tôt au tournoi de Dresden en Allemagne. Le moment de fouler le court pour jouer ton premier match dans un tableau principal de grand chelem devait être énorme pour toi ? As-tu ressenti de la pression ? 

« Ma carrière au plus haut niveau a été rapidement anéantie par mes blessures. C’est vrai qu’en 1998 j’ai vécu des moments de gloire et enregistré mes meilleurs résultats, malheureusement mes blessures m’ont freiné dans ma carrière et ma progression. Cette période a été extraordinaire pour moi. Juste avant de jouer Roland Garros, je n’étais pas dans une période de confiance, je n’avais pas beaucoup gagné de matchs. Roland Garros pour un joueur français c’est un tournoi extraordinaire mais aussi énormément de stress et de pression parce que l’on a envie de bien y figurer devant le public français qui nous pousse. A côté de ça, je change de cordage quelques jours avant, et là je découvre un cordage avec lequel je me suis senti hyper bien, un cordage qui est devenu à la mode et dont tout le monde parlait, c’était le Luxilon. Je joue mon match de Roland Garros du premier tour contre Imaz. Forcément, les deux nuits précédentes, j’étais perturbé, je ne dors pas bien, j’étais à la fois hyper excité mais j’avais la trouille et je me retrouve à faire un match en 5 sets avec un petit regret parce que je perds le premier set 7/6 alors que je mène 5-4 40-15 sur mon service, donc j’ai deux balles de sets et finalement je perds 6-1 au 5ème set. Je ne pouvais plus bouger, j’avais des crampes, dans le 4ème set j’étais mal embarqué mais je le gagne grâce à la ferveur du public. Pour moi, ce moment restera extraordinaire parce que, même si j’ai perdu ce match, jouer le tableau final de Roland Garros a été une formidable expérience, une réelle émotion. J’ai pu toucher du doigt ce qu’un joueur français ressent à Roland Garros alors, même si évidemment je n’ai pas joué sur le court central et d’ailleurs j’avais aussi ça en tête, si je gagnais, je jouais contre Moya qui, cette année-là, gagne le tournoi.  Il était injouable, il a gagné Monte Carlo et nous aurions probablement joué sur le Suzanne Lenglen ou un grand court ».

Par la suite, tu enchaînes sur les tournois de Zagreb sur terre battue où tu fais demi-finale puis Biella toujours sur terre battue où tu t’inclines en finale, mais ta plus grosse performance restera ton US Open 1998. Tu te défais de Jason Stoltenberg au premier tour, ancien 19ème mondial, en 4 sets, puis tu rencontres Alex Corretja au second tour, alors futur vainqueur du Masters la même année. Raconte-nous cette rencontre mythique que tu as perdue en 5 sets.

« J’ai fait de très bons résultats sur les mois de Juin et Juillet. Parti sur ma lancée, j’étais en pleine confiance, je commençais à battre des joueurs dans le top 50 mondial et il y a eu l’US Open où je me qualifie dans le tableau principal en ayant eu des matchs compliqués, j’étais mené 1 set 1 break, je reviens à chaque fois, je me qualifie un peu par chance mais je bats des gars, quand même classés 105-110ème mondiaux.

Donc au premier tour, je rencontre Jason Stoltenberg, alors 23ème mondial, là je me dis, bon super tableau final de l’US Open, je ne gagnerai pas mais j’ai un beau match à faire. Je rentre sur le court pour me tester par rapport à un mec comme ça, mais sans trop d’ambitions. Je perds le premier set 6/4, j’arrive au changement de côté et je me dis : mais en fait je ne joue pas, je suis passif et je regarde l’autre, je n’ai aucune chance et là, je me bouge les fesses, je me mets dans une posture de jouer pour gagner et je gagne le match ! Je gagne les 3 sets suivants et je bats Stoltenberg, c’était sa surface le dur… Je joue ensuite le numéro 7 mondial Alex Corretja qui venait d’atteindre la finale à Roland Garros et qui termine l’année numéro 3 mondial. Donc là, le niveau est encore au-dessus, un peu dans le même état d’esprit que le match précédent, je me dis super test, mais je n’ai aucune chance de gagner, Corretja c’est injouable et il se passe exactement le même début de match, les mêmes sentiments, je perds le premier set 6/4, je fais le même constat que les matchs précédents, je ne joue pas, je suis petit garçon, je joue pour ne pas prendre une branlée, je suis trop respectueux de mon adversaire et là je me dis : allez, joue un peu, prends ta chance, joue pour gagner ! Et là, le match s’inverse, je gagne 7/5 le deuxième set, je mène 5-1 dans le 3ème et là forcément, beaucoup de choses se passent dans ma tête, je me dis : attends, là tu es en train de battre le numéro 7 mondial… Donc je cogite, je panique un peu, il remonte, je gagne finalement 7/6 au 3ème set mais je commence à avoir des crampes, sentir la fatigue, comme à Roland Garros. Je ne dormais pas bien, quand c’est un début d’expérience comme cela, qu’on n’a pas vécu beaucoup, forcément on se met à cogiter. Malheureusement, j’avais donné trop d’énergie, toutes mes forces dans la bataille sur ces 3 sets, j’ai un regret sur ce 3ème set où je mène 5-1, je ne le gagne que 7-6 (8-6 au tie-break) et derrière, début du 4ème 1-1 balle de 2-1 et ensuite, je ne fais plus un jeu, je ne pouvais plus bouger, j’appelais le kiné à tous les changements de côté.

On continue ton parcours … tu t’alignes sur Toulouse et tu rencontres Andrei Medvedev, ancien numéro 4 mondial en 1994, tu t’inclines en 3 sets dans un match serré. Encore une légende du tennis que tu rencontres… Peux-tu nous en dire quelques mots ? …

« Je ne m’en rappelle pas très bien, je perds 6/3 6/7 6/3, j’ai pris un set à Medvedev, j’étais lancé, je jouais niveau top 100, j’étais encore parfois dans l’état d’esprit que j’avais eu pendant mes deux débuts de matchs à l’US Open, pas assez méchant… J’aurais pu faire mieux si j’avais eu davantage de niaque mais j’avais le niveau et, malheureusement, j’ai eu ce coup d’arrêt avec ces blessures mal soignées, des séquelles. Par la suite, j’ai su remonter 210ème à l’ATP mais je sentais que j’avais perdu en mobilité à cause de mon pied, en vivacité et en vélocité aussi ». 

Enfin à Brest, toujours la même année, tu réalises un excellent tournoi. Tu bats successivement Rodolphe Gilbert, Seb Grosjean pour te qualifier en finale où tu t’inclines face au regretté Jérôme Golmard. Ton tennis était vraiment en place puisque le 16 novembre tu atteins ton meilleur classement à savoir 136ème mondial. Parle-nous un peu de ces souvenirs…

« Une super expérience, j’ai fait des supers résultats, je me suis qualifié au deuxième tour de l’ATP 250 de Palerme, j’étais en finale du challenger de Brest qui était un gros challenger où je bats 3 joueurs qui étaient dans le top 100, j’étais lancé, j’étais parti, je n’avais plus un point à défendre pendant 6 mois, je n’étais pas loin du top 100 et, malheureusement, j’ai ce coup d’arrêt au mois de novembre, j’ai une blessure sous le pied, puis j’ai explosé en plein vol ». 

A partir de ce moment-là, les médias ont commencé à s’intéresser à toi, comment as-tu géré cette nouveauté ? tu avais un agent à l’époque ? des sponsors t’ont-ils contacté ?

« J’avais un agent à ce moment-là, des marques me suivaient, je commençais à signer des beaux contrats. Tout s’ouvrait à moi mais, mais malheureusement à cause de ces différentes blessures, je sentais que je n’y arrivais pas, et que j’en garderais des séquelles. Il a vraiment fallu que je m’entoure, que je fasse un travail pour accepter tout ce que je vivais, qui était très compliqué. Ce fut malgré tout une épreuve enrichissante qui m’a fait grandir et comprendre certaines choses. Comme on dit : rien ne vient par hasard ».

Pour en revenir à aujourd’hui, quelle est ta vision du tennis actuel par rapport à celle de ton époque ?

« Le sport de haut niveau est devenu de plus en plus exigeant, le niveau est plus élevé, l’intensité, la dépense physique, les qualités requises, j’ai l’impression que l’on repousse les limites de ce qu’un organisme peut accepter, peut vivre. Que ce soit les facultés physiques, psychologiques, quand je vois les joueurs de haut niveau… C’est un sport individuel, on est livré à soi même, il faut supporter la pression psychologique, les déplacements toutes les semaines, les voyages, les décalages horaires, les surfaces différentes, les balles différentes, les blessures, un environnement, une concurrence. Aujourd’hui, dans le monde entier, les joueurs sont bien entourés, s’entrainent bien, ont un staff hyper important, le niveau devient tellement extraordinaire. C’est d’autant plus remarquable de voir ce que des joueurs comme Djokovic, Federer et Nadal réussissent dans une ère comme la nôtre. On aura vécu les plus belles heures du tennis et on aura eu la chance d’avoir les 3 plus grands joueurs de l’histoire ensemble qui ont marqué une époque qui n’existera plus jamais, 60 grands chelems à eux 3… Je ne suis pas certain que l’on soit bien conscient de ce que l’on a vécu sur les 15 dernières années dans le tennis mondial. Par ailleurs, je suis un peu inquiet. Après avoir vécu cela, même si l’on n’a pas eu de victoires en grand chelem, on a quand même eu une très belle période du tennis français, on a réussi à mettre 4 joueurs dans le top 10, des titres, des résultats en Coupe Davis. Entre la fin de règne des 3 plus grands joueurs et la fin de l’ère de nos mousquetaires, de nos grands joueurs français, est-ce que la relève va assurer, qui va-t-on voir, quels sont les joueurs qui vont donner envie aux jeunes joueurs de se mettre au tennis, de maintenir cette belle dynamique, ce bel engouement que l’on a pour le tennis aujourd’hui… ? Ce sont des questions que l’on se pose et j’espère que nous aurons des nouvelles stars du tennis français, des stars mondiales et que le tennis ne va pas perdre d’intérêt ou même de sens ».

Les 3 meilleurs joueurs du monde selon Jean Baptiste Perlant. Capture d’écran Instagram ATP TOUR

Si tu n’avais pas été directeur du Challenger de Bordeaux, qu’aurais-tu aimé faire ?

« Avant même d’être passionné de tennis, je suis un passionné de sport. D’ailleurs c’est peut-être cela aussi qui m’a fait du mal parce que j’étais incapable de me reposer, j’avais toujours besoin d’aller jouer au foot, d’aller faire du squash. J’ai passé mes diplômes d’entraineur, j’ai commencé à coacher des joueurs sur le circuit, ça me plaisait bien. Primrose était en moi depuis tout petit, c’est ma deuxième maison et je ne souhaitais que travailler ici. Si le projet n’avait pas pu aboutir, c’est vrai que j’aurais surement entrainé des joueurs, coaché sur le circuit ou d’une manière plus générale, travaillé dans le domaine du sport, qui me passionne. J’adore le rugby, le basket, tous les sports de raquettes. J’aurais adoré jouer en club pour pratiquer un sport collectif ».

Forty Love tenait à remercier Jean-Baptiste Perlant pour sa disponibilité ainsi que sa gentillesse, et lui souhaite de belles éditions à venir du côté de Bordeaux. 

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