ATP, l’affaire Djokovic

Novak Djokovic, qui avait annoncé sa venue en Australie, est retenu dans un hôtel à Melbourne, sa participation à l’Open d’Australie est compromise. Retour sur ces 48 dernières heures mouvementées, dont personne ne sort gagnant. 

Après les incendies de 2019, les quarantaines interminables de 2020, un nouveau scandale frappe l’Open d’Australie. Novak Djokovic qui avait annoncé sa venue en Australie mardi matin, a été chaleureusement critiqué, notamment pour avoir profité d’une « exemption médicale ». Retour sur ces 48 dernières heures mouvementées, dont personne ne sort gagnant. 

Mardi 4 janvier 2022, le serbe Novak Djokovic annonce, via un post Instagram sa participation à l’Open d’Australie. Une prise de parole plus qu’attendue par la planète tennis ces dernières semaines. Sans vaccination, il fait une demande pour rentrer en Australie, cette demande  est examinée de manière sérieuse par des médecins indépendants. Ils certifient que le tennisman retient les critères nécessaires pour se passer de vaccin et lui accordent une exemption.

Mais les médias australiens montent vite au créneau. The Courier Mail, un journal australien titre « You must be djoking » et dénonce l’exemption médicale attribué au numéro 1 mondial. La tension monte, les médias dénoncent et le peuple australien lui réserve un accueil difficile. Ils n’acceptent pas que le serbe soit traité différemment et puisse rentrer en Australie sans un schéma vaccinal complet. Pourtant, il semblerait qu’au moins trois autres joueurs, déjà présents sur l’île, auraient bénéficié de la même exemption. En réaction à la protestation des australiens, le premier ministre Scott Morisson, demande à Djokovic de donner le motif de sa dérogation, en le menaçant de le renvoyer s’il ne s’explique pas. 

Mercredi 5 janvier 2022, l’avion de l’homme aux 9 titres à l’Open d’Australie atterrit. À la surprise générale, on apprend que Djokovic serait coincé pour des problèmes de visa. Si cela a tout d’être une bonne excuse, la situation prend de l’ampleur heures après heures. D’abord le serbe tente de justifier sa venue à la douane. Puis, il est enfermé pendant des heures, dans une pièce sans téléphone, seul avec deux gardes armés. 

C’est alors que les esprits s’échauffent, le ministre serbe des affaires étrangères et  le père du joueur réagissent, demandant l’immédiate libération de « Djoko ». Le président serbe, Alexandar Vučić s’en mêle aussi et dénonce le harcèlement de l’Australie. L’affaire, qui n’est au départ qu’une question d’exemption médicale, se transforme petit à petit en crise diplomatique. Les australiens renvoient une très pâle copie en ce qui concerne les droits humains. 

Au fil de la soirée, on commence à comprendre que Djokovic est victime d’un retournement de veste inattendu du premier ministre australien. En effet, face à la pression sociale, Scott Maurisson qui était en faveur de la venue du serbe, change d’avis. Il a beaucoup à gagner en dénonçant la venue de « Nole », qui déplait au peuple australien. Le visa de Djokovic est bien entendu rejeté en fin de soirée. Le premier ministre australien savoure sa victoire via une conférence de presse. Il redore au passage son image à quelques mois des élections.

Ce matin, Djokovic a obtenu un sursis après avoir intenté un recours en justice contre les autorités australiennes. Il est désormais autorisé à rester en Australie jusqu’à lundi. Sa participation à l’Open d’Australie n’est donc pas encore totalement exclue. Reste à savoir s’il arrive à recueillir assez d’éléments pour justifier son entrée sur le territoire. 

Cette histoire est loin d’être terminée, difficile de connaître à l’avance qui en sortira gagnant. Ni même s’il en aura un. Le tennis recueille une bien triste publicité, Novak Djokovic peut être privé d’une participation en Grand Chelem, Craig Tiley, directeur du tournoi, pourrait bien perdre son poste, et l’Australie montre au monde un visage ultra autoritaire, presque tyrannique, qui ne séduit pas. 

De quel côté se placer ? Si le serbe entre on criera au scandale. S’il ne rentre pas alors que d’autres dans le même cas que lui sont déjà sur place, on criera aussi au scandale. Quoi qu’il en soit, cette affaire prend des proportions gigantesques. Le tennis est avant tout un jeu, et l’aspect polio-diplomatique ne doit pas avoir sa place dans ce sport fascinant. 

Arthur Sabater

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