Destins brisés, talents gâchés : ces joueurs, ont-ils vraiment tout perdu ? 

photo : instagram officiel de Benoit Paire

Episode 3/3 – Benoît Paire : « libérez-moi »

Une évidence. Voici le terme qui convient le mieux, car c’était une évidence de terminer notre série sur les talents, parfois gâchés, avec l’exemple qui nous concerne le plus. En effet, est-ce parce qu’il est Français, ou bien est-ce parce que ses coups de sang sont innombrables, que le nom de Benoît Paire vient à l’esprit si facilement dans ce domaine ? Toujours est-il que l’Avignonnais de 32 ans nous gâte (ou nous déçoit) dans un domaine qu’il affectionne : le pétage de plomb.

DES DÉBUTS TONITRUANTS

Benoît Paire commence le tennis à l’âge de 5 ans. Il suit alors l’exemple de son frère aîné qui fût champion de France en 2003. Très vite, il obtient de très bons résultats et offre un tennis puissant, très solide côté revers notamment. Les premiers bons résultats arrivent vite et dès lors, le meilleur peut être imaginé pour le Français. La relève du tennis Français, tant attendue, serait-elle incarnée par Benoît ? Allait-il succéder à la génération Grosjean et Santoro, et ainsi redorer le blason du tennis tricolore ? Son tennis lui permet aisément d’espérer le meilleur. D’ailleurs, ses premiers résultats dans le milieu professionnel sont prometteurs avec des ½ finales ATP dès 2011. Il a déjà glané 3 titres ATP 250 (Bastad 2015, Marrakech 2019 et Lyon 2019). 6 finales viennent également étoffer son palmarès dont une, en ATP 500, à Tokyo en 2015. Tous ces excellents résultats lui permettent d’ailleurs d’accéder à la 18ème place mondiale le 1er novembre 2016. Malheureusement, ce ne sont pas les fulgurances d’un tennis solide qui sont associées à l’image de Benoît Paire…

UNE SUCCESSION DE DÉRAPAGES INCONTRÔLÉS

Cette série d’articles se termine en effet en beauté ! Car le natif d’Avignon régale son monde par des incartades explosives et récurrentes qui nuisent considérablement à ses résultats sportifs. Impossible d’en dresser une liste exhaustive. Rattrapé par ses nerfs, il multiplie les coups de sang, les disputes avec les arbitres et les bris de raquettes. Voici quelques exemples assez détonants.

Alors qu’il affronte Fernando Verdasco à l’Ultimate Tennis Showdown en 2020, compétition créée par Patrick Mouratoglou, il insulte l’arbitre après une double faute et fracasse sa raquette. Aucune raison particulière à ce comportement insensé… Toujours en 2020, au tournoi de Rome, alors qu’il affronte Jannick Sinner, il conteste les décisions de l’arbitre, décide de servir alors que son jeune adversaire n’est pas prêt. Il se plaît dans son rôle de trublion, il enchaîne les services très rapidement, faisant fi des remarques de l’arbitre. Puis, il s’arrête de jouer et demande, en plein jeu, le kiné alors qu’il n’est pas blessé ! Cela finit par le jet d’une bouteille d’eau sur le court et, comme souvent avec Benoît Paire, par un détachement total. Il marche lors des points et ne se bat plus. Irrespect total pour son sport et son adversaire.

UN SCÉNARIO QUI SE RÉPÈTE

Notre Benoît national est coutumier de cette nonchalance. À la faveur de la moindre petite frustration, il devient apathique, marchant entre les points, refusant le combat. Nous trouvons ainsi un refus de retourner une balle de match face à Márcos Baghdatís lors du tournoi de Washington, avec en prime 3 raquettes explosées durant le match… Amende de plus de 14 000 € à la clé. Lors du tournoi de Buenos Aires, il s’énerve encore sur un point litigieux, s’en suivent toute la panoplie de comportements honteux disponibles dans l’escarcelle du Français : énervements, cris, refus du combat et… perte du match. 

Ses dernières fantaisies sont récentes avec une tuerie de raquette dans les vestiaires après sa défaite face à Francisco Cerundolo à Rio en 2022, et une défaite toute fraîche face à Dominic Koepfer à Indian Wells. Benoît traverse une mauvaise passe depuis plusieurs années. Après nous avoir expliqué que son comportement était dû à l’absence de public pendant la pandémie, il vient d’enchaîner en 2022, 5 défaites de suite au premier tour. Il a d’ailleurs perdu ce dernier match à Indian Wells en s’étant procuré 4 balles de matchs… Sa frustration prend l’avantage sur ses qualités tennistiques, le privant très régulièrement de conclure des matchs à sa portée, voire des rencontres dans lesquelles il mène largement au score.

La touche spéciale offerte au public de manière récurrente par Benoît Paire, est donc le sabordage, ceci malgré la présence de public. Il se montre malheureusement souvent irrespectueux envers ses adversaires et aussi envers le public, qui ne paie pas pour voir un spectacle aussi désolant. Et les conséquences sont importantes pour Benoît avec, notamment une exclusion de l’Équipe de France en 2016, décidée par Arnaud Di Pasquale. Plus récemment, il a de nouveau été exclu de l’Équipe de France et a été privé de JO à Tokyo. Il avait, quelque temps avant cette terrible décision prise par Sébastien Grosjean et Nicolas Escudé, montré un comportement odieux et inexcusable, encore face à Francisco Cerundolo, notamment en crachant sur le terrain…

« Rien à branler de ce match. J’ai pris 12 000 balles, je rentre chez moi, parfait. Quel plaisir à jouer dans ces conditions ? On se retrouve dans un cimetière… »

Benoît Paire – Monte-Carlo 2021

Cette déclaration poétique et nuancée est l’œuvre de Paire après une énième défaite due à son mental. Elle est d’autant plus odieuse qu’elle est vulgaire et méprisante. En effet, Benoît a un très bon niveau, ce qui lui permet de jouer directement les plus grandes compétitions, sans passer par la redouter phase des qualifications. Ces revenus sont donc conséquents avec 9 553 639 $ accumulés depuis le début de sa carrière. Dans ces conditions, déclarer que perdre un match n’est pas grave, car il n’est en fait venu que pour prendre le prize money du premier tour, est injurieux vis-à-vis de joueurs qui, eux s’investissent, et qui galèrent à financer leur année.

TENTATIVES DE CONTRITIONS

Le Français, a pourtant multiplié les efforts, tentant de revenir à la raison. Ainsi, en 2018, il déclarait : « cette image, j’essaie déjà de la changer depuis quelque temps… Je suis ici pour confirmer que depuis un an, c’est déjà beaucoup mieux, que je pense plus au jeu qu’à casser des raquettes ». La suite montrera que ces efforts ont été vains, malgré quelques coups d’éclats, comme en 2019, avec 2 1/8 de finale à Roland-Garros et à Wimbledon. Les différents mea culpa sont vite oubliés et les nerfs de Benoît Paire prennent le dessus, rendant ces tentatives de changement non avenues.

Benoît Paire a véritablement gâché son potentiel. Son tennis très complet devait lui permettre de gagner bon nombre de titres. Au lieu de cela, il a jeté ce talent aux oubliettes en étant victime de son pire ennemi : lui-même. Il déclarait très récemment qu’il avait certainement « un problème mental ». Benoît n’est pas le seul à connaître ce type de problème, mais à l’instar de Nick Kygios et Fabio Fognini, nous n’avons, pour le moment, pas d’explication à cette faiblesse qui lui coûte tant. Mais comme beaucoup de joueurs talentueux mis face à leurs peurs et leurs faiblesses, Benoît est tombé dans le piège tendu par le tennis, sport dans lequel doute et fragilité mentale sont toujours incompatibles avec performance.

Partager cet article
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur email

Une réponse

Laisser un commentaire