Dopage : le tennis est-il vraiment épargné ?

Parmi les plus grands tabous du sport, le dopage est en tête du classement. Institutionnalisé pour certains observateurs dans toutes les disciplines, étant une exception pour d’autres, il est dans tous les cas, vecteur de déception pour le public. Les fans de la première heure ne l’acceptent pas quand d’autres se voilent la face, s’empêchant ainsi d’imaginer leurs champions se livrant à une telle tricherie. Dans le milieu tennistique, certains coups de tonnerre ont ainsi éclaté, semant le doute parmi la communauté d’inconditionnels. Rétrospective.

L’Argentine, terre de tous les interdits ?

Au sommet de cette hiérarchie peu enviée, l’Argentine domine sans égal le classement des Nations avec plusieurs cas avérés. Tout commence en 2000 avec Juan Ignacio Chela. Le natif de Buenos Aires, ancien 15ème joueur mondial et détenteur de 6 titres sur le circuit est contrôlé positif à la méthyltestostérone lors du tournoi de Cincinnati. Il assurera ne pas être à l’origine de cette ingestion et écopera d’une amende de 8000 $ et d’une suspension de 3 mois… une fleur de l’ATP. Son retour sur le circuit sera compliqué et cette suspension mettra un terme aux coups d’éclats dont était capable ce joueur. 

Suit ensuite Guillermo Coria, ancien n°3 mondial et finaliste à Roland-Garros en 2004. Contrôlé lui aussi positif à un stéroïde en 2001, il est suspendu 7 mois. Il récidivera pourtant avec la prise d’un diurétique interdit en 2005. « El Mago » (le magicien) comme on le surnommait alors perdra de sa superbe avec ces tâches dans son parcours professionnel. Après son second contrôle positif, sa chute au classement s’avérera inéluctable et sa carrière sera pour lui aussi stoppée dans son élan.

Le cas le plus emblématique associé à l’Argentine est celui de Mariano Puerta. En 2003, il est contrôlé positif au clenbutérol et écope de 2 ans de suspension. Cette peine est une des plus importantes, jamais subie par un joueur professionnel. Cette suspension sera réduite à 9 mois après les explications du joueur. Mais Puerta se relève et atteint en 2005 la finale de Roland Garros. On pense alors que cette histoire est oubliée et qu’il est assez fort mentalement pour assurer un retour fracassant. Mais le contrôle antidopage, réalisé le soir même de sa finale perdue face à Rafael Nadal, s’avère positif à l’étiléfrine. Ce second dérapage vaudra à Mariano Puerta une suspension de 8 ans ! Autant dire que cette décision sonnera le glas de sa carrière. Même réduite à 2 ans par le tribunal international du sport, Puerta errera sur le circuit Challenger à son retour, sans jamais obtenir un seul résultat probant.

Quand le scandale touche les meilleurs

Malheureusement, le dopage ne touche pas que des joueurs souhaitant briller afin de doper leur carrière. Les tous meilleurs sont parfois également responsables de tricheries qui entachent leur carrière. Ainsi, en 1995, c’est l’ancien n°1 mondial Mats Wilander qui est testé positif à la cocaïne. 3 mois de suspension pour le champion Suédois et une fin de carrière l’année suivante. Détenteur de 7 tournois du Grand Chelem, Wilander avait-il réellement besoin de prouver, pour un tournoi de double qui plus est, qu’il avait du talent ?

L’Américain André Agassi, ancien n°1, voit également son nom en haut de l’affiche des scandales en 1997. Accusé d’avoir pris des méthamphétamines, il est malgré tout relaxé. Malgré cette clémence à son égard, le Kid de Las Vegas avouera des années plus tard, dans son autobiographie, qu’il avait réellement consommé ces produits.

L’année suivante, c’est Petr Korda, père de Sebastian Korda, vainqueur de l’Open d’Australie 1998, qui sera contrôlé positif à la nandralone durant l’été à Wimbledon. 1 an de suspension et fin de carrière proche pour le Tchèque.

Chez les femmes, le cas le plus emblématique est celui de Maria Sharapova qui sera suspendue 2 ans en 2016 pour dopage. La talentueuse joueuse Russe paiera cher la prise de meldonium. Lâchée par ses sponsors, traquée par la presse, elle ne retrouvera jamais son niveau, elle qui fut n°1 en 2005. Son retour sera marqué par de nombreuses blessures physiques et très certainement mentales. Une retraite précoce à l’âge de 32 ans mettra un terme à une carrière pourtant extraordinaire.

Avant elle, c’est Martina Higgins qui fut éloignée des cours pendant 2 ans. Contrôlée positive à la cocaïne en 2007, la carrière de la Suissesse ne redécollera jamais. Ancienne n°1 également, elle tentera un retour, mais jamais plus elle ne brillera sur les courts.

Plus récemment, Daniel Evans a été contrôlé positif à la cocaïne en 2017, lors du tournoi de Barcelone. 1 an de suspension pour le Britannique. La joueuse Varvara Lepchenko a écopé de 4 ans de suspension. À 35 ans, la suite de sa carrière semble compromise. 

« J’ai demandé aux responsables de l’ITF (Fédération internationale de tennis) s’ils pouvaient accepter un test ADN. Je voulais vraiment être sûr que ce soient bien mes urines qui avaient été contrôlées », a-t-il expliqué. « Ce sont bien mes urines. Malheureusement, ce n’était pas une erreur de manipulation ».

Richard Gasquet, après son contrôle positif à la cocaïne

À l’insu de leur plein gré ?

Et oui, même notre Richard national a été contrôlé positif à la cocaïne. L’élément qui revient quasi systématiquement est la surprise des joueurs pris en défaut. Tous déclarent avoir pris des produits interdits à leur insu. Il est cependant difficile de les croire, car certains produits ne sont même pas destinés aux humains. Ainsi, le clenbutérol retrouvé chez Mariano Puerta est destiné aux chevaux. Tous ont plaidé non-coupables, même les récidivistes. Il est à noter que ces réactions sont les mêmes dans tous les milieux sportifs. Ainsi, le cycliste Lance Armstrong clamait-il haut et fort son innocence, avant que ne soit prouvées ses multiples tricheries.

« C’est sûr, le dopage dans le tennis est une réalité ! »

Christophe Rochus – 38èmejoueur mondial en 2006

Cette déclaration fracassante du joueur belge Christophe Rochus peut faire peur en première lecture. Comme pour tout, il ne faut pas généraliser, cette méthode étant celle des extrêmes. Le dopage n’est pas institutionnalisé dans le tennis. Il existe bien sûr des écarts, qui ont été prouvés. Les instances mondiales régissant les contrôles antidopages se sont, par le passé, montrées très clémentes avec certains joueurs, notamment avec André Agassi, blanchi à l’époque, alors qu’il avoue lui-même avoir pris des substances illicites. Cependant, mettre en doute les performances de certains joueurs, par jalousie, notamment, salit le tennis. Ainsi, Roselyne Bachelot (à l’époque Ministre de la Santé) avait-elle accusé Rafael Nadal de se doper. Surprise par ses résultats extraordinaires, elle avait ainsi mis le doute sur la probité du joueur Espagnol. Ce dernier eut tôt fait de réparer cette injustice en assignant notre actuelle Ministre de la Culture, et en gagnant son procès. Le tennis est un sport noble. La lutte contre la tricherie par dopage doit permettre de garder ce sport, que nous aimons tant, propre. Une lutte acharnée et sincère nous permettra ainsi de continuer à rêver et à vibrer devant notre téléviseur ou sur le bord d’un court. Et ce, malgré de sublimes performances, si extraordinaires soient-elles.

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