Hugo Nys : « Je pense que gagner Roland-Garros cette année est réalisable »

Finaliste du challenger de Bordeaux avec son partenaire de double Jan Zielinski, Hugo Nys nous a accordé une interview pendant sa semaine à Bordeaux. Le 54ème joueur de double, naturalisé monégasque depuis 2019 s’est livré en toute sincérité. Entre ses objectifs, ses meilleurs souvenirs, l’équipe qu’il forme avec Jan et sa vie sur le circuit, Hugo nous dit tout.

Bonjour Hugo, comment allez-vous ?

Je vais très bien. Je suis vraiment ravi de retrouver les courts de la Villa Primrose. Trois ans après, cela m’avait manqué. 

Cette semaine, vous êtes en double avec Jan Zielinski, ce qui est assez inhabituel si l’on regarde de près vos résultats depuis le début de l’année. Comment cela se passe-t-il pour trouver un joueur avec lequel on s’habitue à jouer ? 

Sur la longueur, il est nécessaire de trouver un partenaire. J’avais quelqu’un l’année dernière, on a très bien joué ensemble, mais finalement, il est allé jouer avec quelqu’un d’autre puis j’ai mis du temps à trouver un autre partenaire et aujourd’hui avec Jan, avec lequel on joue ensemble depuis 2 mois, nous essayons de construire quelque chose. Nous allons jouer Bordeaux donc, Lyon et Roland. La clé est de se stabiliser. 

Cette paire que vous formez avec Jan est-elle amenée à durer sur la saison à venir ? 

Oui, c’est l’objectif. Cependant, on ne peut pas se projeter 6 mois dans le futur, car il faut se concentrer sur le moment présent. Il y a des objectifs de classement pour rentrer dans les Masters 1000. Aujourd’hui, nous accédons à tous les tableaux (Grands Chelems, ATP 250, ATP 500) hormis dans les Masters 1000 où il faut être dans le top 30. Jusqu’au top 30, il faut rester avec son partenaire. Il faut également bien jouer. 

Vous êtes à l’heure actuelle 56e en double. Le tournoi de Rome se déroulant, vous venez à Bordeaux pour engranger le plus possible de points et être prêt pour Roland ? 

Oui. Pour Rome, nous avons fini à la 4ème place derrière le cut. Concernant Bordeaux, cela reste un tournoi très intéressant au niveau des points, car c’est la plus grosse catégorie de challenger. Le plateau est très relevé. On vient prendre le maximum de points pour grappiller des places et essayer de combler le gouffre qu’il y a entre le top 30 et le reste du classement. J’ai été top 40 toute l’année donc il faut faire le meilleur parcours possible dans les Grands Chelems pour combler cet écart. 

Vous avez été quart de finaliste l’année dernière à Roland-Garros, quelles sont vos ambitions cette année pour le Grand Chelem Parisien et pensez-vous pourvoir réitérer ce parcours, voire gagner le tournoi ? 

Je pense vraiment que gagner Roland-Garros est réalisable surtout quand tu arrives frais et que tu as un partenaire avec qui tu te sens en confiance. En revanche, il y a beaucoup d’incertitudes dans le double. Si l’on ne gagne pas Bordeaux avec Jan, on pourra toujours espérer gagner Roland-Garros. Il y a des équipes qui explosent souvent sur les Grands Chelems. On croit vraiment que l’on peut gagner tous les matchs. On bat chaque année des joueurs du top 10 comme on peut perdre parfois contre des joueurs hors du top 100. Avec Jan, on ira match par match, il n’y aura pas de limites, il faudra être consistants. 

Vous êtes un joueur monégasque, c’est atypique, qu’est-ce que cela représente pour vous de défendre les couleurs de Monaco ? 

Depuis 3 ans, je représente Monaco (avant cela, Hugo représentait la France), je suis joueur de Coupe Davis pour Monaco. J’ai une belle structure là-bas. Je suis affilié au Monte-Carlo Country Club. Je joue la Coupe Davis, et même si nous ne sommes pas dans le groupe mondial, c’est toujours des bons moments. Nous jouons Monte Carlo chaque année. C’est très important pour la Principauté d’avoir des athlètes professionnels, car ils en ont très peu. 

Vous avez eu une invitation cette année pour jouer les qualifs en simple à Monte-Carlo. Arrivez-vous à cumuler votre carrière en simple avec elle du double ou vous dites-vous que vous ne misez que sur le double et par conséquent, délaisser le simple ? 

Cela est géré depuis 4 ans. J’ai entièrement mis l’accent sur le double. Quand je suis rentré dans les 100 premiers en double (Hugo était à l’époque 300e en simple), je me suis consacré uniquement au double et cela ne changera pas jusqu’à la fin de ma carrière. J’ai 31 ans et il faut s’y consacrer à 200 % si l’on veut gagner un Grand Chelem. En simple, je n’ai jamais été au-delà de la 200e place. J’ai joué les qualifs en simple de Monte-Carlo, car j’ai été invité sinon il faut être dans les 100 premiers. C’est vraiment un grand plaisir parfois de jouer le simple. 

Qu’est-ce qui a été l’élément déclencheur pour que vous vous disiez que c’est maintenant qu’il faut se consacrer uniquement au double ? 

En 2017, j’avais fait un gros résultat à Monte-Carlo (1/2 finaliste avec Romain Arneodo) et ensuite à Wimbledon (huitième de finale avec Antonio Sancic) et ces deux résultats m’ont permis de rentrer dans les 100 meilleurs en double. À partir de là (Hugo jouait des futures et des challengers en double), je pouvais jouer des Grands Chelems et des ATP 250, c’était ce que je voulais depuis tout petit. L’argent commençait également à arriver sur mon compte. J’ai toujours adoré le double. Le double m’a permis d’accéder au grand circuit. Cela n’était pas un choix par défaut, c’est ce que je voulais, jouer ces grands tournois, et par conséquent, je me suis fixé des objectifs très hauts en double. 

Aujourd’hui beaucoup de joueurs professionnels n’arrivent pas à vivre du tennis, comment êtes-vous parvenu à franchir ce cap ? 

Les 150 premiers en simple peuvent vivre en tant que joueurs professionnels mais en double, il faut être dans les 70-80 maximum pour pouvoir en vivre. Les joueurs qui sont en dessous de ces classements-là jouent par passion, ils ne sont pas là par défaut. Nous jouons tous depuis que nous sommes petits. Chaque joueur croit qu’il va pouvoir progresser, au fait d’accéder au très haut niveau. La persévérance, le fait d’y croire et la passion avant tout sont les maîtres-mots pour franchir ce cap. 

Où vous verrez-vous dans 5 à 10 ans et si des objectifs vous échappent, continuerez-vous à chercher à les atteindre même lorsque vous serez proche de la retraite ? 

Je ne me fixe pas de limites, je me vois jouer encore 6 à 7 ans, tout dépendra des prochaines années. Si j’arrive à rentrer dans les 20 ou 10 premiers mondiaux et à y rester, je jouerai encore plus longtemps. En revanche, si des blessures persistent, cela sera plus compliqué. Pour le moment, je me sens capable de jouer le plus longtemps possible. Je n’imagine même pas de m’arrêter, le tennis, c’est ma vie. Je me lève pour jouer au tennis depuis que j’ai 4 ans. 

Quel a été dans votre carrière votre meilleur souvenir ? 

La demi-finale en 2017 à Monte-Carlo avec mon partenaire monégasque a été fantastique, c’est ce résultat qui m’a propulsé dans le top 100. On était 200ème mondial, on bat des paires du top 10 (Murray/Soares notamment). Ce résultat nous a fait passer une marche au-dessus. Également la première fois de ma vie où je vais à Wimbledon en 2017, 3 mois après ce résultat à Monaco. À l’époque, il y avait les qualifs en double, nous les avons jouées sur un autre site mais le fait de venir dans le temple du tennis était fantastique. J’ai gagné 3 titres sur le circuit, tous ont été des merveilleux moments. 

Que pensez-vous du tournoi de Bordeaux, les conditions vous plaisent-elles ? 

Oui, je me sens super bien. Pour la petite histoire, je représente Monaco, mais j’habite à Bordeaux. Avec ma petite amie, nous avons un appartement à 5 minutes du club et quand je suis off, Jean-Baptiste Perland, le directeur du club, me permet de m’entraîner. J’adore venir ici, j’en suis ravi !

Quelle est la paire de double qui vous a fait le plus rêver ? 

Les frères Bryan (sourire). J’ai joué deux fois face à eux, dont une fois où j’ai eu une balle de match à Monte-Carlo. Les frères Bryan sont des icônes, des légendes du double. Ils ont amené le double dans une autre dimension, beaucoup de choses ont évolué. J’ai eu la chance de m’entraîner avec eux, de leur parler. Ils sont des modèles. 

Que pensez-vous de la paire Mahut/Herbert et quel regard portez-vous sur eux ? 

C’est la plus grande paire française de l’histoire. C’est une grosse équipe, ils nous ont fait rêver. Je trouve cela exceptionnel qu’ils arrivent à gagner des Grands Chelems, même s’ils ne jouent pas tout le temps ensemble. Pierre-Hugues (Herbert) a cette capacité à pouvoir gagner un Majeur sans jouer pendant 3 mois, c’est un des meilleurs joueurs de la planète, peut être le meilleur. Nico (Mahut) a un énorme palmarès, il est très solide. Je les admire beaucoup. 

Interview réalisée pendant le Challenger de Bordeaux (8 mai-15 mai). Propos recueillis par Aymeric Domicile et Hugo Juste. Merci beaucoup à Hugo pour sa gentillesse et sa disponibilité. Nous lui souhaitons le meilleur pour la suite de sa saison.

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