Tsitsipas et Zverev, l’impossible quête ?

Il est de ces grands tennismen qui ne connaissent jamais le destin qu’on leur prédit. Il ne s’agit aucunement de destins brisés, ni de talents gâchés. Il est ici question de joueurs, au potentiel extraordinaire, mais qui frôlent toujours avec le sommet, sans jamais réellement l’atteindre. Stefanos Tsistsipas et Alexander Zverev font, pour le moment, partie de ceux-là. Victoires précoces et montée au classement fulgurante ne leur ont toujours pas permis de briller totalement, pour le moment…

Alexander Zverev : sous le calme, la tempête

L’Allemagne a toujours regorgé d’excellents tennismen. On peut bien entendu citer Boris Becker (ancien n°1) et Tommy Haas (ancien n°2) qui ont tous les deux fait retentir l’hymne Allemand à de multiples reprises. La succession de ces 2 champions semblait totalement incarnée par Alexander Zverev. Né en 1997 à Hambourg, issu d’une famille très orientée tennis, il grimpe très vite les échelons pour devenir n°1 mondial chez les juniors en 2013. Passé professionnel l’année suivante, il obtient rapidement d’excellents résultats. Son ascension est alors constante, tout porte à croire qu’elle est inarrêtable. Il intègre en effet le top 30 à 19 ans, remporte 2 Masters 1000 à 20 ans. En 2017, il finit l’année 4ème mondial. Inarrêtable…

Mais voilà que 5 ans plus tard, en 2022, il n’a toujours pas réussi le coup d’éclat qui lui permettrait d’atteindre le sommet. Malgré une année 2021 très riche, avec 2 Masters 1000, la médaille d’or obtenue à Tokyo en 2021 et le Masters de fin d’année, aucun tournoi du Grand Chelem. Pas non plus de montée inéluctable à la place de n°1. Alexander Zverev possède tous les coups du tennis, sa grande taille (1.98m) lui procure un service puissant. Alors pourquoi cette ascension au sommet ne se produit-elle pas ? 

Zverev est très souvent, lui aussi, victime de ses nerfs. Il ne parvient parfois pas à conclure des matchs dans lesquels il domine nettement. Il est coutumier des doubles fautes à répétition et des coups de colère.  Sous le calme apparent de ce jeune homme, sommeille une tempête qui se rappelle à son bon souvenir dans les moments les moins opportuns. Ainsi, on l’a vu perdre une finale de grand chelem à l’US Open en 2020 alors qu’il menait largement. 

« Les gens qui sont au sommet ont de la pression pour une raison. On attend d’eux qu’ils gagnent. »

Alexander Zverev

Puis, plus récemment, c’est le bouquet final. Des accusations et une crise violente aux yeux de tous vont révéler la fragilité de Sascha. L’Allemand, est accusé en 2021 de violences conjugales par son ex petite amie. Il nie en bloc et l’ATP ouvre une enquête. À l’heure actuelle, plus aucune nouvelle n’est donnée au sujet de ces investigations. L’organisme qui régit le tennis mondial attendrait-il que le temps fasse son travail et que cette affaire embarrassante tombe dans l’oubli ? Dernièrement, nous avons pu voir le plus mauvais côté de Zverev. Le monde du tennis, n’est en effet, pas prêt d’oublier l’incartade d’Acapulco. Le joueur Allemand, après une défaite en double (oui ! en double !) vient fracasser sa raquette sur la chaise de l’arbitre. Une telle explosivité, dévoilée aux yeux de tous, ternit définitivement l’image de ce joueur pourtant si doué. Sascha, pourra-t-il désormais se relever ? Malgré une récente tentative de contrition face à la presse, il a été éliminé très précocement à Indian Wells. La pression et le souvenir de ce geste malheureux vont désormais le hanter. La dernière preuve de cet état de fait est sa défaite précoce à Indian Wells

Stefanos Tsitsipas, colosse grec aux pieds d’argile

Peut-on dire que la Grèce est une nation de tennis ? Non. Est-il possible qu’elle devienne, par l’intermédiaire du talent de Stefanos Tsitsipas, une nation prépondérante dans ce sport ? Oui, mais…

Le joueur Grec a 1 an de moins que Zverev. Tout comme Sascha, il est très vite devenu incontournable sur le circuit ATP. Classé 209ème fin 2016, il est le premier joueur Grec à intégré le top 100 l’année suivante. C’est en 2018 qu’émerge Tsitsipas avec son premier titre ATP à Stockholm. Dès lors, à l’instar d’Alexander Zverev, il n’aura de cesse de progresser, avec 3 titres en 2019. Parcours similaires entre l’Allemand et le Grec. Similaire, même dans les travers les plus terribles… 

En effet, quelques sublimes trophées ornent les étagères de Stefanos tsitsipas, mais pas de grand chelem. La faute à un manque de régularité dans ses résultats. Contrairement à ses aînés Rafael Nadal ou Novak Djokovic, il ne parvient pas systématiquement à atteindre les phases finales des grands tournois. Ainsi, des défaites au 3ème tour de l’US Open 2020 et au 1er tour à Wimbledon en 2021 ternissent ce palmarès. Des coups de sang font également leur apparition. Ainsi, le joueur Grec ne blesse-t-il pas son propre père lors de l’ATP Cup en 2020 ? Et la ferveur des supporters de tennis de s’effondrer… De plus, le joueur Grec est coutumier des phrases assassines, en conférence de presse notamment. Reprochant, à demi-mot, à Novak Djokovic des pauses toilettes pendant lesquelles Novak se doperait, il dispose des mêmes moments de répit quant à son tour, il est en difficulté. 

« Le nombre de fois où il touche la bande du filet et il est capable de faire tomber la balle de l’autre côté du court, c’est surprenant, c’est sûr. C’est une qualité incroyable… »

Stefanos Tsitsipas – Indian Wells – 2022

Cette déclaration intervient après la défaire de Tsitsipas face à Jenson Brooksby le 15 mars dernier, lors du Masters 1000 d’Indian Wells. Elle reflète ce qui manque à ce joueur pour aller plus haut. Un brin de mauvaise foi, une pointe d’arrogance et une certaine inélégance dans la défaite.

Ces deux champions (encore en devenir ?) peuvent réaliser de grands exploits. Mais à la différence de ce que furent certains de leurs aînés, ils doivent tout d’abord s’aguerrir et se montrer sous un autre jour. Alexander Zverev doit se canaliser, éclaircir rapidement ses déboires en justice et surtout trouver la paix intérieure, celle qui est indispensable à tout parcours hors norme. De son côté, Stefanos Tsitsipas doit accepter le combat, l’adversité, les règles du tennis et surtout, il doit apprendre à perdre avec dignité. C’est souvent dans la défaite que les champions sont les plus beaux. Un très fort potentiel peut tout à fait être réduit à néant face à un orgueil démesuré ou face à une inaptitude à accepter la frustration. Dure, dure, la vie d’un champion ! 

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